Le cynisme et nous

"Le pire ennemi du journaliste est le cynisme", je l'ai entendu souvent.

Or, j'ai l'impression que, surtout dans le groupe 2, le détecteur de cynisme est sur le bord de surchauffer dans notre cohorte de journaliste.

Sommes-nous trop cynique? La prémisse de départ est-elle bonne: peut-on être un bon journaliste cynique?


Ma théorie:
Le vrai problème, c'est le désabusement.
Je suis un cynique.
Mais j'ai bien beau dire en pleine classe que "L'humanité est crap de toute façon et je suis pas sûr qu'elle mérite d'être sauvée", je suis quand même un végétarien qui mange bio, fait du compost et veut aller dans les médias parce qu'il croit que plus les gens sont informés (et c'est pas que de l'information classique, après 2 ou 3 gags sur le Darfour, ça se peut que tu te demandes de quoi on parle), plus ils ont le goût que ça change.

Savoir qu'on se dirige vers un mur et que tout est pourri n'empêche pas de vouloir que ça se passe peut-être autrement.


Faque? Trop cynique? Juste assez? C'Est pas un problème?

Je suis d'accord avec toi, Mathieu. J'irais même plus loin.

J'ai lu (mais je me rapelle plus exactement où, sinon qu'il s'agit d'une source très fiable) que le cynisme devient la forme d'humour par excellence des peuples opprimés/sous occupation. Ils utilisent le cynisme afin de tourner l'horreur autour d'eux en une source de joie, aussi pitoyable soit-elle. Pour eux, le cynisme est un mécanisme de défense psychologique qui leur permet d'être lucides (voir leur misère), d'en parler et de survivre tout en attendant qu'une occasion de rémédier aux problèmes se présente (lire : soit possible).

En lisant ton message, je me suis rappelé ça, une vieille lecture du Cégep, et je me suis dit qu'on peut étendre le modèle à autre chose qu'à l'opression ou l'occupation. Nous sommes dans une situation assez désespérante, le monde ne tourne pas très bien et les inégalités y sont nombreuses. Je crois qu'on invoque à notre tour ce mécanisme de défense, que c'est normal, que c'est même très sain et que c'est peut-être une bonne nouvelle, le signe que l'on veut passer au travers et s'accrocher à cette chose impitoyable (mais si belle) qu'est la vie. Parce qu'il ne faut jamais oublier que le cynisme, c'est le défaitisme avec un sourire.

"Rire est une si jolie façon de montrer les dents"
- Les Zapartistes