Mingus Mathieu Charlebois
Nombre de messages : 1207 Age : 43 Date d'inscription : 14/09/2005
| Sujet: CONFÉRENCE JEAN ZIEGLER Mar 1 Nov - 21:10 | |
| ATTENTION ATTENTION! Conférence de Monsieur Jean Ziegler à la Bibliothèque Nationale ce mercredi à 17h30. C'est un homme à entendre et à écouter. Au plaisir de vous y voir, j'y serai à coup sûr. (Un vieux truc que j'avais fait parlant de lui: http://ca.geocities.com/adressedemathieu/guerrepauvre.htmlhttp://ca.geocities.com/adressedemathieu/ziegler.html ) - Citation :
La Presse Lectures, dimanche 30 octobre 2005, p. ARTS SPECTACLES15
" La dette et la faim sont des" armes de destruction massive " L'essayiste Jean Ziegler fustige la mondialisation
Levy, Elias Collaboration spéciale
L'essayiste, universitaire et ancien député du parlement suisse, Jean Ziegler, n'y va pas par quatre chemins lorsqu'il fustige la mondialisation économique et ses laudateurs. Dans son nouvel essai, L'Empire de la honte, paru récemment aux Éditions Fayard, le polémiste dresse un réquisitoire cinglant contre les grandes compagnies transnationales qui, selon lui, contraignent, en recourant à deux puissantes " armes de destruction massive ", la dette et la faim, les États à abdiquer leur souveraineté et des peuples exsangues à renoncer à leur liberté. Cet " Empire ", ajoute-t-il, est " une impitoyable machine à broyer et à soumettre " qui ne supporte plus aucune des limitations que le droit international prétendait traditionnellement imposer aux rapports entre les États et entre les peuples. M. Ziegler sera à Montréal cette semaine pour donner une conférence mercredi, de 17 h 30 à 19 h, à la Grande Bibliothèque de Montréal. L'entrée est libre.
" Les seigneurs de la guerre économique ont mis la planète en coupe réglée. Ils attaquent sans ambages et avec véhémence le pouvoir normatif des États, contestent la souveraineté populaire, subvertissent sournoisement la démocratie, ravagent la nature, détruisent les hommes en confisquant leurs libertés... La libéralisation outrancière de l'économie et la " main invisible " du marché sont leur cosmogonie; la maximalisation du profit, leur pratique. Désormais, la guerre préventive sans fin, l'agressivité permanente des hérauts de la mondialisation, l'arbitraire, la violence structurelle règnent sans entraves. Les barrières imposées par le droit international sont en train de disparaître. C'est la loi de la jungle et de l'arrogance capitaliste qui a le vent en poupe! ", explique en entrevue Jean Ziegler, qui est actuellement Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation dans le monde.
Les États-Unis sont le " moteur synergique " de ce système néo-économique " impérialiste, violent et très inéquitable ", dont ils ont été les inventeurs au début des années 80, soutient l'auteur du best-seller international, Les Nouveaux Maîtres du monde, avec une assurance déconcertante.
La " gestion chaotique et désastreuse " de la tragédie humanitaire qui a dévasté dernièrement les États de la Louisiane, du Mississippi et de l'Alabama est, selon lui, une preuve patente de la " perniciosité " de cet " Empire de la honte ".
" L'Amérique a bâti un modèle social totalement détestable, qui, comme nous venons de le voir lorsque le peuple noir et miséreux de la Nouvelle-Orléans était engouffré dans le marasme, est incapable de mobiliser des forces. Le modèle social américain permet un développement total de l'agressivité et de l'individualisme puisque l'État ne pose aucune normativité à la vie économique. Tout en créant des richesses faramineuses, ce système impose la loi de la jungle, la loi du plus fort ", renchérit le sociologue suisse.
Aux États-Unis, poursuit-il, il n'y a plus une dialectique entre le pouvoir public et le pouvoir privé. " Le gouvernement américain élu est aujourd'hui totalement instrumentalisé par le grand capital contrôlé par de puissant groupes capitalistes. "
Jean Ziegler récuse l'étiquette d' " antiaméricain invétéré " que ses détracteurs lui accolent. " Je ne suis pas antiaméricain! Si vous lisez la Déclaration d'indépendance des États-Unis paraphée à Philadelphie le 4 juillet 1776, vous vous apercevrez très vite que le projet initial social et humaniste concocté par les Pères de la nation américaine était bien différent du modèle social qui prédomine aujourd'hui en Amérique. La justice sociale et la quête du bonheur commun étaient deux des principaux credos du modèle originel proposé en 1776. Benjamin Franklin et Thomas Jefferson doivent se retourner dans leur tombe lorsqu'ils écoutent George W. Bush ergoter sur les défis de l'économie sociale américaine! "
Ce pourfendeur de la mondialisation lance un vibrant appel aux militants de la société civile planétaire pour qu'ils se mobilisent avec entrain pour contrecarrer les " redoutables desseins hégémoniques " des thuriféraires d'" un capitalisme débridé et inhumain ". Il souligne " la gravité " de la situation mondiale actuelle en citant un aphorisme célèbre du philosophe allemand Emanuel Kant: " Nous sommes à la rupture des temps ".
" Ce qui est radicalement en danger aujourd'hui, ce sont les valeurs et l'héritage du siècle des Lumières: l'État républicain et démocratique; l'exercice du pouvoir par délégation révocable; les valeurs de justice sociale, de solidarité... Des valeurs fondatrices qui ont marqué nos sociétés occidentales depuis 250 ans. Aujourd'hui, l'économie n'est plus une affaire d'hommes. C'est une affaire de lois naturelles qui s'autocélèbrent en tablant sur la stratégie de la maximisation du profit comme seule valeur promouvant la loi du plus fort. On nie même l'idée qu'il peut exister un bien public pour l'intérêt général, qu'il faut protéger normativement. On se met ainsi en conflit, en contradiction frontale, avec l'héritage des Lumières. "Si le capitalisme de la jungle, le capital boursier virtuel et les " cosmocrates " de la mondialisation l'emportent, la civilisation occidentale, telle que nous la connaissons encore en Europe, au Canada et au Québec, disparaîtra, avertit Jean Ziegler.
" Ne perdons pas espoir. Marx disait que le révolutionnaire doit être capable d'entendre pousser l'herbe. Il y a une résistance qui est en train de se lever partout. Une conscience mondiale éveillée commence à se coaliser. Cette résistance n'a pas encore une cohérence totale. Mais, tout en boitant, cette fraternité de la nuit est en voie de formation... "
L'EMPIRE DE LA HONTE
Jean Ziegler
Éditions Fayard, 2005, 323 pages | |
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