Chronique

Quelqu'un pourrait avoir la gentillesse d'expliquer ici qu'est-ce qu'une chronique selon M. Gerbier?

La chronique: 2 - 2,5 feuillets

Il s'agit de raconter une histoire, un épisode anecdotique vécu, mais révélateur d'une tendance sociétale plus profonde (peut être une semi-fiction).
C'est donc de partir du particulier pour aller vers l'universel. On offre un regard intime, différent, on séduit le lecteur.
La description dans le récit n'est pas innocente. Presque tout se rattache au propos final.
On n'est pas obligé d'anoncé notre sujet dès le départ, idéalement on donne un sentiment de découverte tout au long du papier.
- évitons bien entendu les lieux communs -

Pour la première chronique, les sujets sont les suivants:
- Solidarité
- Vieux
- 40 ans de Céline Dion

Bon racontâge.

Je sais pas si c'est bon, dans le sens que je le sais vraiment pas. Je sais même pas si c'est une chronique. Prière de critiquer:

Citation :

Le portrait d’un plus vieux, le portrait d’une plus laide
Joseph Elfassi

Je ne suis pas là pour le plaisir, je suis là pour accumuler des heures à mon stage. J’ai commencé à faire de la photographie parce que je voulais prendre des belles femmes en photo. Préférablement dénudées. Préférablement à deux. Mes ambitions photographiques et mes besoins scolaires ne sont donc jamais autant rentrés en conflit que cet après-midi d’hiver où je suis allé photographier des vieux juifs malades dans un hôpital gériatrique.

J’aime photographier le beau, le plastique, le mis en scène, la jeunesse hypersexualisée. Je n’aime pas prendre des vieux se souillant la couche, ou pleurant parce qu’un hymne leur rappelle une mélodie d’enfance ou une épouse décédée. Dans le but d’obtenir des subventions gouvernementales, ma directrice de stage me demande de la prendre accompagnée des « chaises », dit-elle, c'est-à-dire des vieux qui se promènent en chaise roulante.

C’est parce qu’il est plus rentable de s’occuper des plus misérables, dans son cas à elle. Pour attirer les subventions gouvernementales, Sylvia se promène de « chaise » en « chaise », me demandant de bien cadrer les fauteuils roulants. Cela semble son principal souci. Au bureau, Sylvia décore ses murs de photos d’elle souriant debout en arrière de « chaises », trop vieux pour sourire sauf d’une grimace sénile. La plupart de ces fauteuils en finissent de vibrer, comme dirait Brel, peu après la prise de photo, Sylvia étant la seule survivante de ces nombreux clichés rentables.

L’accumulation de ces heures résulte en une petite photo minable dans un magazine sans ambition autre que survivre grâce à des subventions. Pour moi, cela m’approche de la fin de mon stage. Pour Sylvia, ça lui permet de continuer ses activités culturelles à saveur marocaine une fois par mois avec des vieux séniles et malades entretenus par quelques thaïlandaises dociles. Pour les vieux, cela ne change rien.

Il m’est si pénible de photographier ces vieux parce que je vois en eux la projection de mon avenir. J’ai tellement peur de devenir si seul, si laid. Mon affection pour la fiction romanisée m’amène à être dégoûté du réel brut. Aussi, je dois me restreindre aux gros plans. Comme pour les photos d’enfants, nous ne pouvons pas publier des photos des résidents de l’hôpital sans autorisation explicite de la famille. Ça n’en vaut pas la peine, alors allons-y pour les gros plans, sans oublier, bien sur, le caoutchouc et le métal qui complète le portrait sordide d’un être humain réduit à sa possible rentabilité.

Il paraît que d’autres cultures valorisent leurs aînés. Suis-je bien représentatif de ma société si je vois en eux la justification de l’euthanasie? Si je vois en eux un triomphe cruellement ironique de la médecine moderne? Car les corps semblent vivants contre leur gré. Il ne leur reste plus rien à faire, ils ont tout dit et je ne les écoute pas, ils ont tout vu et je fuis leur regard. Suis-je représentatif de ma société si je les quitte, dégoûté, pour les oublier aussitôt et contacter une belle jeune modèle?

Mets-toi à genoux, mords tes lèvres, touche tes seins, regarde moi avec un air coquin.

- 30 -

[u]

C'est bel et bien une chronique.
Et abordée avec un angle et une position difficiles.

J'applaudis car c'est audacieux et très bien écrit, mais je me dis aussi qu'elle ne pourrait jamais être publiée dans un des grands médias de notre société trop politiquement correcte.

Dommage.

Merci Jean-Louis!

Je ne suis pas tout à fait d'accord quant à la chronique... en fait je trouve que ce texte valse entre la chronique et un billet démesurément long. Enfin.

Et le hic, je crois que tu veux trop dire de choses en même temps, ce qui fait que Sylvia on ne la sent pas, que tes vieux on ne les voit pas dans notre tête, on voit juste toi qui nous parle en nous montrant des photos (qu'on ne voit pas, mais bon).

Je vois l'idée, où tu veux en venir, mais je trouve que ton écriture n'est pas claire dans ce cas-ci.

Et ton stage, faut le savoir c'est quoi avant de lire pour comprendre!

Je suis d'accord quand Caro dit que tu veux dire trop de choses en même temps. Ceci dit c'est très bien parti je crois.

que faudrait-il couper, selon vous, pour en dire moins et que ça fasse clair? Ou que ça devienne une chronique...

Je crois qu'il faut que tu préçises davantage le truc du stage ou que tu inventes un autre contexte parce que ce n'est pas clair. Je crois qu'il est difficile pour le lecteur de comprendre comment-tu t'es trouvé là.

J'ai l'impression que tes trois trames d'histoire, Sylvia, les Vieux et le stage ne sont pas assez clair et défini.

Reste que ce n'est pas tant que ça à travailler. Enfin, ce n'est que mon avis. Bon je sais pu trop quoi dire j'ai l'impression de pas savoir comment bien finir ce message sans dire un lâche pas cliché ou avoir l'air de me prendre pour un autre. C'était seulement un conseil qui a été demandé.

Pouvez-vous me confirmer que c'est nul?

Citation :

« Gars »

Mathieu Charlebois

Il y a sur mon balcon une vieille télévision. Elle est morte il y a 6 mois, juste un peu avant que mon couple ne prenne également le bord. J’aime bien me dire que je n’ai pas eu le temps d’aller la porter à l’éco-centre, mais ce n’est pas vrai. J’ai juste été trop paresseux pour le faire.

Je me réconforte en regardant le balcon de mon voisin de pallier. Un vieux meuble en mélamine, deux chaises chambranlantes et de vieux publi-sac. Sans doute a-t-il « manqué de temps » lui aussi. Il ne reste de son ancienne blonde que la boîte aux lettres colorée.

Depuis 6 mois, je vis dans un bloc d’hommes célibataires. Ça parait. Semblerait même que la voisine de droite se soit plaint que ça faisait malpropre.

Qu’elles viennent me dire, les féministes, que les hommes et les femmes, c’est la même chose. Que dalle. Mais qu’elles ne viennent pas non plus me dire que les femmes c’est mieux, prenant comme preuve nos balcons de célibataires. C’est peut-être « malpropre », mais pendant qu’on ne se ramassait pas, on faisait quelque chose.

Yes sir madame : on faisait quelque chose. Ne me demandez pas quoi. Probablement une affaire de gars, vous ne comprendriez pas. Oui, des affaires de « gars ». Vous savez, cette attitude qu’on s’attend à voir d’un homme ? La bière, le hockey, l’appartement en désordre et tout et tout. En y réfléchissant, je crois que c’est la première fois de ma vie que je suis vraiment « gars » dans quelque chose.

Quand j’étais plus jeune, j’avais pas mal tout le temps le nez dans un livre. Quand il n’était pas dans un livre, il était un peu trop souvent contre le poing d’un « camarade » de classe qui avait décidé que je méritais d’être cogné. Je n’ai jamais aimé les sports et les cours d’éducation physique. La coordination de mes membres est si déficiente que j’avais plus de facilité à faire de la géométrie que du basket. Dans la cour, je n’étais bon au ballon-chasseur que parce que j’avais si peur du ballon que je le fuyais à toute jambe.

Pas vraiment « gars » tout ça.

Aujourd’hui, quand j’entends des demandes pour une école plus adaptée aux petits garçons, j’ai un peu peur. En voyant le taux de décrochage absolument hallucinant chez les garçons, on se demande ce qui ne va pas entre les garçons et l’école. C’est bien, il faut se le demander. Mais j’ai un peu de difficulté avec la réponse : l’école n’est pas assez « gars ». Les « gars » ont besoin de bouger plus, il faut les laisser se chamailler, il faut plus d’activité physique, il faut leur parler de choses de gars, leur montrer des modèles comme des coureur automobile, des gars de construction, des sportifs.

Peut-être. Peut-être que ça peut les garder à l’école, les « gars ». Tant mieux si ça le fait. Mais qu’est-ce qui va arriver aux petits Mathieu de ce monde ? Qu’est-ce qui va arriver à ceux qui n’ont jamais voulu être coureur automobile, pour qui « se chamailler » ça veut plus dire recevoir une taloche que s’amuser, pour qui plus d’éducation physique c’est l’équivalent pour d’autres d’apprendre des tables de multiplications ?

Un virage « gars » pour l’école, ce serait la mort du féminisme autant que de ceux qui tentent de vaincre ses travers supposés et réels. Car certes, s’il y a une différence entre les hommes et les femmes, il y a surtout des différences entre les femmes et les femmes et entre les hommes et les hommes. Les « gars » et les « filles », ça ne veut rien dire. Alors même si mon appartement est en désordre et que j’ai de la bière dans le frigo, remplissant mon tiroir à fruits, je n’aime toujours pas le hockey, et j’ai bien le droit.

Je ne peux pas te confirmer que c'est nul, tout simplement parce que c'est très bon. L'intérêt de l'histoire est que beaucoup vont s'y reconnaître.

Là où je mettrais un petit bémol, c'est dans les trois derniers paragraphes, qui font davantage "éditorial" que "chronique". Peut-être faudrait-il rester dans le ton "histoire" un peu plus longtemps?

J'aime!

C'est, à mon sens, tout à fait une chronique.

Merci. Je penche cependant du côté de Jean-Louis et je vais remâcher les derniers paragraphes. Merci des avis!