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 Le marché des études

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Patrick Lainesse
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MessageSujet: Le marché des études   Le marché des études EmptySam 26 Jan - 19:07

Foglia contre le clientélisme dans l'éducation

Pierre Foglia a écrit:
Le samedi 26 janv 2008

Le bouton est juste au-dessus

Pierre Foglia

La Presse

Quand, vers le début des années 90, je suis arrivé à l’UQAM pour y donner un atelier d’écriture journalistique, j’étais enthousiaste à l’idée d’apporter un peu de pratique, un peu de concret à ces pauvres étudiants en communication que des profs pelleteux-de-nuages, de retour de Californie, initiaient à l’archéologie de l’information non verbale, j’te jure, les cours portaient des titres comme celui-là, m’a vous en faire, moi, de l’archéologie, ouvrez le Journal de Montréal, haut de la page trois, première colonne, un père de famille tue sa femme et ses trois enfants avant d’enfoncer le canon de son fusil de chasse dans sa bouche, on a retrouvé le haut de son crâne dans le jardin du voisin...

Quand j’ai quitté l’UQAM 10 ans plus tard, j’avais complètement changé d’avis et cela, même si j’avais aimé donner ces ateliers pratico-pratiques à des étudiants qui, pour la plupart, m’ont dit en avoir tiré profit. Dix ans plus tard je pensais, et je pense plus que jamais, qu’on devrait aller à l’université pour y recevoir un enseignement supérieur. Par supérieur, j’entends au-dessus de la technique. Des cours, pas des ateliers. Un enseignement dégagé de toute considération utilitaire, qui développerait la pensée (l’intelligence vient par là, y compris celle du coeur), un enseignement qui formerait le goût, le jugement, ce qui impliquerait, par exemple, que les cours de littérature, de philo mais aussi de sciences seraient obligatoires aux HEC, et dans les facultés de droit, de gestion et de médecine.
Pourquoi donc comme avocat aurais-je besoin de lire Montesquieu ? Je vous le demande, monsieur le chroniqueur.
Parce que, bougre de connard, il y a dans les Lettres persanes cette intelligence du coeur qu’il n’y a pas dans le Code. Les Lettres ne feront pas de vous un meilleur avocat, mais assurément un meilleur homme. Ce n’est pas rien.
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
C’était jeudi matin dans le labyrinthe des couloirs de l’UQAM, où parfois les salles de cours portent des noms d’entreprise comme salle L’Oréal – j’avais rendez-vous avec des étudiants en cosmétique, qu’est-ce que je raconte, avec des étudiants du programme communication et politique et du programme relations internationales et droit international, cinq étudiants responsables de leurs associations modulaires, ils voulaient me parler de cette grève qu’ils ont d’abord prétendue imminente avant de convenir qu’elle ne se ferait pas, les assemblées convoquées pour en débattre n’ont pas même pas quorum, bref la grande majorité des 40 000 étudiants de l’UQAM n’ont absolument pas envie de faire la grève, d’ailleurs pourquoi une grève ?
Pour dénoncer l’augmentation des droits de scolarité, m’a dit Sarah.
En comptant le 50 $ de plus par session (la part du gouvernement), en ajoutant les frais afférents (la part de l’université), Sarah aura 160 $ de plus à débourser cette année, 160 $ pas couverts par les prêts et bourses...
Est-ce si considérable ? ai-je osé demander. Ces 160 $ vont-ils empêcher un étudiant d’accéder à l’université, ou le forcer à la quitter ?
Vous ne croyez pas à la gratuité ? m’a demandé Marie-Pierre.
Je n’ai pas une opinion très claire là-dessus, mademoiselle. Êtes-vous des marxistes ? Des anarchistes peut-être ?
Ils sont partis à rire. Je les confondais sûrement avec les fouteurs de merde des années 80. Eux vont à leur cours assidûment, remettent leurs travaux à temps. Bons citoyens, ils militent dans des organisations de coopération internationale. Pour ce qui est de leur engagement politique, deux ont leur carte de membre de Québec solidaire. Et tous les cinq entonnent le discours du « bien commun » de Françoise David et Amir Kadir.
Vous vous opposez à ce que l’entreprise privée participe au financement des universités ?
Sur la base du partenariat actuel, oui. Ingérence directe. Salles de cours L’Oréal. Université populaire en prise directe sur le marché du travail. On est contre.
Pourquoi ?
Parce que le but n’est pas l’éducation, les entreprises n’ont rien à foutre des sciences sociales, de la littérature, des arts, de la philo. Pourquoi pensez-vous que le plan de redressement du nouveau-ancien recteur de l’UQAM implique des coupes dans les programmes les moins rentables ? Que veut dire moins rentable ? Moins rentable pour qui ?
Je lisais dans un numéro assez récent de L’actualité « les 15 idées pour un Québec fort » d’un ex-conseiller de M. Landry et de M. Boisclair, présentement vice-président du Conseil du patronat. Une des 15 idées de ce brillant avocat est de faire « la promotion de l’entrepreneuriat en bas âge, dans les écoles secondaires et même primaires ». Je parierais que nombreux parents et enseignants ont applaudi. La chose, moi, me pétrifie.
Vous m’avez vu souvent, ici, les baguettes en l’air, vitupérant contre la réforme. J’ai presque envie de m’excuser. La réforme n’est qu’une niaiserie à côté de ce détournement majeur de l’éducation qu’est le clientélisme. On n’en parle jamais, c’est vrai, ce doit être parce que ce n’est plus un détournement, parce que c’est maintenant là que va le courant, alors chut, n’en parlons plus, on n’a jamais raison d’aller contre son époque.
De gauche, la réforme nivelle par le bas. De droite, et même un peu plus, l’éducation utilitaire canalise vers le sacro-saint « débouché ». Au cas où cela intéresserait encore quelqu’un : le bouton pour allumer la Lumière n’est ni à droite, ni à gauche, il est juste au-dessus.
ALABAMA – J’ai collé des photos du photographe américain Walker Evans sur le mur de mon bureau, fait des années qu’elles sont là. Je peux être longtemps sans les voir même si j’ai le nez dessus, pis tout d’un coup, tadam ! L’une de ces photos montre un « Post Office » en bois tout déglingué, une grosse annonce de Coca-Cola est placardée sur la galerie, derrière le bâtiment un chemin droit et plat file à travers les champs de coton. C’est dans le comté de Hale, en Alabama. Ne me cherchez pas la semaine prochaine, c’est là que je vais. J’emporte mon vélo, mais c’est pas pour le vélo, c’est vraiment pour l’Alabama.



Dommage, elle était bonne la chronique, mais il fallait qu'il écrive "n'ont pas même pas de quorum".
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